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Moïse Rahmani

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J’ai aimé. J’ai beaucoup aimé ce petit livre fort bien écrit. J’ai « vu » ce livre car on y voit chaque ligne, on voit les scènes, on entend les dialogues, on sent les odeurs qui s’exhalent de «Ti t’appelles Aïcha, pas Jouzifine ».

(...) cet ouvrage m’a rappelé mon enfance en Egypte, dans ce Moyen-Orient où la composante juive existe depuis des millénaires mais où il fallait adopter un profil bas et ne pas se faire remarquer. Comme les parents de Mimi et d’Aïcha. Mais, contrairement aux parents de la narratrice, nous risquions bien plus qu’eux… Cette peur de se faire remarquer est quelque chose de commun entre nous, quelque chose que nous avons partagé dans le temps et qui devrait – je fais appel aux parents de Mimi, à tous les parents des Mimi et des Aïcha – nous réunir.

Mina Oualdlhadj bénéficie d’une triple culture (…). Il y a d’abord la culture berbère, ancestrale et qu’elle revendique fièrement (…) – la culture laïque –, ensuite la culture musulmane, qui est le refuge de son père (je précise : musulmane et non arabe) et enfin la culture belge, celle qu’elle adopte sans éradiquer celle de ses origines. On peut très bien être porteur de deux cultures pour autant que celles-ci enrichissent et n’opposent pas. Ces cultures complémentaires comme sont les nôtres. On peut très bien, sans problèmes, s’appeler Aïcha ET Joséphine et non Aïcha OU Jouzifine car cela implique fatalement un choix. Ce choix, le père de Mimi ne veut pas le faire (…). Il rejette la double appartenance contrairement au Juif qui réussit à s’adapter. Ne nous a-t-on pas inculqué que, lorsqu’on vit en Belgique, il faut vivre comme les Belges et se comporter comme les Belges sans renier ses origines ? Mais ce choix ne lui est pas permis : qu’on soit de la première, seconde, voire même troisième ou quatrième génération, il se trouvera immanquablement quelqu’un pour vous rappeler d’où vous venez : « Vous n’avez pas une tête de Belge, vous n’avez pas un nom de Belge… »

Traité sur un ton volontairement drôle, mais avec un humour qui, comme le nôtre, cache de profondes blessures, ce livre léger et en même temps grave, nous fait découvrir ces hommes et ces femmes qui ne sont ni d’ici ni d’ailleurs. Ils n’ont pas leur place, (...) et même lorsqu’ils travaillent bien – pour ne pas se faire remarquer d’ailleurs – ils sont sujets à critique. Cette souffrance, on la ressent chez les deux héroïnes du récit. L’une, née en Belgique, baisse la tête et accepte. L’autre se révolte contre la méfiance de ses voisins, contre l’injustice, l’indifférence et la tyrannie de son entourage. Mimi envie Aicha qui est aimée de sa famille (même si elle a peur de son père : la scène où elle sort du cinéma avec son mari et où une peur panique la prend car il est tard et elle craint la réaction paternelle est significative). Au contraire, chez Mimi, c’est une passion amour-haine que l’ont voit se dessiner, un amour-haine qui se métamorphosera en sagesse à la fin lorsque pour la toute première fois, la mère a des mots de tendresse envers sa fille et l’accepte telle qu’elle est. (…)

Une dernière chose qui m’a touché : Mimi, la narratrice a le même diminutif et le même âge que ma seconde fille… Je vous en recommande la lecture, vous aimerez. (10-05-2008)