"Mon père est analphabète. Mais analphabète ne veut pas dire imbécile. Il n'a pas eu la chance d'aller à l'école: il fallait travailler dans les champs, aller à la pêche. C'est une souffrance. Mais il a développé une mémoire extraordinaire; la capacité de transmettre aussi des histoires, toute une culture orale."
Pouvoir être fier de ses parents, être fier de soi. Comprendre aussi, pour pouvoir pardonner une éducation trop rigide, et ne pas recommencer les mêmes erreurs: "Ici, les familles immigrées agissent parfois en fonction de l'état du Maroc à l'époque où elles sont parties: elles reproduisent alors continuellement cette façon de vivre. Elles se replient sur leur identité, leur culture. Tandis qu'au Maroc, les choses ont continué à évoluer."Dans Mimi, dans Aïcha, les héroïnes du livre (...), chacun, chacune peut se retrouver, s'interroger sur sa propre histoire, sa personnalité: adolescence, identité, sexualité, repères, conflits parents-enfants, double culture... (06-05-2009)
[La]complexité de l’entre-deux, qui assombrit le vécu de la femme au sein de l’immigration, est abordée avec bonheur, lucidité et humour dans le récit romanesque « Ti t’appelles Aïcha, pas Jouzifine ! » (...).
L’auteure a su, en mettant en scène la narratrice Mimi et son amie Aïcha, identifier les espaces où elles évoluent. Celui de la famille étouffante et celui d’une société plate à l’égard de ses minorités, quand elle n’est pas hostile. De ces espaces, elle a su en visualiser l’architecture sociale et psychologique, et par là (…) appréhender la problématique et les difficultés qui assaillent les filles au sein de l’immigration. Un vécu féminin, qui s’il n’est pas sous haute surveillance, (...) est pris en otage par le regard réprobateur au sein de la communauté : « Vous ne pensez qu’à vous, et au sacro-saint « qu’en-dira-t-on », dira la narratrice à ses parents.
Mina Oualdlhadj passe en revue, à travers ce roman savoureux, préjugés, poncifs et chape d’ignorance autour de « l’immigration », dite ‘musulmane’. Toutes les thématiques qui font débat actuellement sont traitées d’une manière hautement instructive ; et cela s’étend de la question du foulard aux interdictions religieuses, en indexant le ruineux discours communautariste. Mais son regard, d’une talentueuse dérision, met l’accent sur ce qu’il y a de vivant et de combatif au sein de l’immigration féminine. La narratrice dira à son père, lorsqu’il se montre insupportable : « Je me plains de toi, mon père, qui me fais détester les hommes». Et le conflit générationnel, infligé à la jeunesse, se résumera dans la bouche de la narratrice s’adressant à ses parents, ainsi : « Foutez-moi la paix, tous les deux ! Oubliez-moi ! Enterrez-moi ! Vous pouvez me renier, me déshériter, je m’en tape ! Ras la casquette !»
Dans le chapitre intitulé « Racisme ordinaire », la narratrice érige sa perplexité, sa combativité et sa contestation « entre deux mondes parallèles… qui ne se rencontrent jamais : le monde de la maison et celui de l’extérieur ». C’est ainsi qu’elle décline sa lassitude et sa colère dans le segment suivant : « Marre de me battre, me battre à la maison, me battre à l’école… (…) Le professeur a insulté les Marocains, il veut que je rentre chez moi, mais chez moi, c’est ici… ».
Double critique libératrice du joug des appartenances et du communautarisme. Double critique suscitant lucidité et distanciation vis-à-vis de l’hégémonie d’une seule identité, d’une seule culture : « J’ai le défaut de n’accepter que l’autodérision : je peux me moquer des Marocains et des Belges parce que je suis les deux à la fois, mais je ne supporte pas que les autres le fassent », dira la narratrice.
Double critique, également, formulée (…) par l’intrusion des mots marocains et l’accent arabe qui déforment la langue de Molière. Et ceci dès le titre. Cette prononciation qui pullule dans le texte (« PIRSOUN I VA DISCENDRE DI CIEL ! ON I DI MOUSLIMAN ! TI T’APPILLES TAMIMOUNT, TI T’APPILES PAS NATHALIE OU BIRNADETTE ! »), dénotant les rudes antagonismes, si elle accentue le repli sur soi, (...) indique sur le plan de l’écriture romanesque l’inévitable rencontre des cultures, travaillées les unes par les autres.
Mina Oualdlhadj est en cela une romancière accomplie, glissant dans le sillage de ses consœurs Leïla Houari et Malika Madi dont les premiers romans s’articulent autour de la thématique du mal-être qu’endurent filles et femmes au sein de l’immigration maghrébine. (…) Si, dans le roman de Mina Oualdlhadj, la narratrice déplore le contrôle inhibitoire imposé aux filles (« Nous étions certes programmées pour le mariage. Ni flirt ni concubinage n’était au programme. »), chez Malika Madi, le jeune personnage, objet du désir de la narratrice dans « Nuit d’Encre pour Farah », s’appelle Willy. Or ce nom européen fournit l’image sonore « Ouilli » qui se traduit en arabe par «hchouma » : la honte. Honte de la mixité et crispation identitaire par crainte du déshonneur et des drames.
Le personnage féminin, aussi bien dans le récit autobiographique que dans la construction romanesque, est un individu sans humanité lorsqu’il n’est pas totalement annihilé. (…) Le mal-être de la femme au sein de l’immigration est certes une constante, et tend à prendre une figure naturelle collant à la peau de ces minorisés, constamment à la recherche de leurs véritables voies. Mais faut-il souligner ici que le monopole de la maltraitance des femmes ne revient nullement à la population immigrée déjà bien stigmatisée ?
Tout indique que nous assisterons dans un avenir proche à l’éclosion d’une compilation importante de récits qui joueront à coup sûr leur rôle. Et ce phénomène aura le mérite d’avoir délié les langues et brisé les tabous. Le recours à l’écriture et à la publication par les femmes de l’immigration en général, devient dans ce sens, non seulement un acte conscient de la prise de la parole et une immersion dans la créativité, mais il vient remuer un débat sociétal itératif autour de la condition féminine sur laquelle on a flanqué le qualificatif de « musulmane ». Un débat qui met, à tort et à travers, l’Islam et l’appartenance religieuse au centre de la bourrasque et du harcèlement à l’encontre des femmes.
Ces récits et ces romans éducatifs, ne pourraient-ils pas contribuer à clarifier le débat, à cimenter l’imaginaire craquelé de nos jeunes et à instaurer durablement une conscience critique, rempart contre fanatisme et archaïsme, s’ils étaient étudiés dans nos écoles belges ? Il s’agit, par là, d’intégrer, sans complexe, cette production à l’histoire de la Belgique, et de promouvoir la pensée et la culture, pour mieux vivre ensemble. (02-12-2008)
"Je m’appelle Tamimount, Mimi pour les intimes. En berbère, mon prénom signifie «celle qui a de la chance». C’était d’entrée une mauvaise plaisanterie de mes parents… » Ainsi commence l’histoire de « Ti t’appelles Aïcha, pas Jouzifine ! ». (…)
Avec la « mauvaise plaisanterie » des parents de Mimi, on est d’entrée dans le ton du livre. Un ton dur, avec de la distance et de l’humour.(…) Durs, les rapports de Mimi avec ses parents. (…) Durs aussi, les mots du père de Mimi. Ou encore les mots qui parlent de la mère (…). Dur enfin, le racisme ordinaire de certains profs (…) ou leur maladresse.(…) Mais Mimi vit. Elle vit l’amitié avec Aïcha. C’est cette amitié qui donne de la légèreté à ce livre (…). Un livre dur mais léger comme une libération.(Juin 2008)
VOIR Aïcha sur TELE-BRUXELLES (12-06-2008)
Un livre plein de tolérance: Ti t'appelles Aïcha, pas Jouzifine.
Invitation à la tolérance, ce livre, préfacé par Sam Touzani et publié avec le soutien de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, offre un regard croisé entre Orient et Occident, avec une bonne dose d’émotions et d’autodérision. (09-06-2008)(09-06-2008)
Ti t'appelles Aïcha, pas Jouzifine !
Toutes deux issues de familles marocaines, Aïcha et Mimi ont grandi à Bruxelles. Leur dialogue permet à Mina Oualdlhadj de mettre en lumière les aspirations et les colères de ces jeunes amies tiraillées entre deux univers opposés. Avec beaucoup de ténacité et d'humour, elles parviendront à unir réconciliation et émancipation... (01-06-2008)L'histoire ? Tout d'abord, un prénom « impossible » – Tamimount – ressenti comme une terrible injustice ! Mimi pour les intimes et puis Aïcha, la copine qui a toujours été là, pour tout vivre, pour jouer les contrepoids. Née au Maroc, elle a eu une enfance en harmonie avec sa petite personne, permettant à ses ailes de se déployer pour supporter le déracinement et sa « nouvelle » vie. Mimi, elle, n’a pu puiser dans ce creuset du pays natal pour se construire, vivant dès le tout jeune âge la double fracture de l’immigration et de la différence. Issues toutes deux de familles marocaines, elles ont grandi à Bruxelles et connu les tiraillements entre deux cultures. Elles sont passées de la fête de l’Aïd à la Saint-Nicolas et de l’intransigeance paternelle à la lutte pour l’émancipation des filles.
D'apprentissages douloureux en déconvenues burlesques, l’auteure, Mina Oualdlhadj nous emmène dans le dédale de ses souvenirs et de ses conversations, plutôt enlevées, avec sa copine Aïcha, et nous permet de mieux comprendre les aspirations – inconciliables ? – que vivent les jeunes de la « deuxième génération ». Une « arme de combat » ? Une étude ethnosociopsychologique sur l'immigration ? Non : un récit sans prétention qui permettra aux immigrés d'origine musulmane de se retrouver, complètement ou partiellement, dans la problématique illustrée par l'auteure et aux autres de s'y plonger, histoire de faire connaissance… (Mai 2008)J’ai aimé. J’ai beaucoup aimé ce petit livre fort bien écrit. J’ai « vu » ce livre car on y voit chaque ligne, on voit les scènes, on entend les dialogues, on sent les odeurs qui s’exhalent de «Ti t’appelles Aïcha, pas Jouzifine ».
(...) cet ouvrage m’a rappelé mon enfance en Egypte, dans ce Moyen-Orient où la composante juive existe depuis des millénaires mais où il fallait adopter un profil bas et ne pas se faire remarquer. Comme les parents de Mimi et d’Aïcha. Mais, contrairement aux parents de la narratrice, nous risquions bien plus qu’eux… Cette peur de se faire remarquer est quelque chose de commun entre nous, quelque chose que nous avons partagé dans le temps et qui devrait – je fais appel aux parents de Mimi, à tous les parents des Mimi et des Aïcha – nous réunir.
Mina Oualdlhadj bénéficie d’une triple culture (…). Il y a d’abord la culture berbère, ancestrale et qu’elle revendique fièrement (…) – la culture laïque –, ensuite la culture musulmane, qui est le refuge de son père (je précise : musulmane et non arabe) et enfin la culture belge, celle qu’elle adopte sans éradiquer celle de ses origines. On peut très bien être porteur de deux cultures pour autant que celles-ci enrichissent et n’opposent pas. Ces cultures complémentaires comme sont les nôtres. On peut très bien, sans problèmes, s’appeler Aïcha ET Joséphine et non Aïcha OU Jouzifine car cela implique fatalement un choix. Ce choix, le père de Mimi ne veut pas le faire (…). Il rejette la double appartenance contrairement au Juif qui réussit à s’adapter. Ne nous a-t-on pas inculqué que, lorsqu’on vit en Belgique, il faut vivre comme les Belges et se comporter comme les Belges sans renier ses origines ? Mais ce choix ne lui est pas permis : qu’on soit de la première, seconde, voire même troisième ou quatrième génération, il se trouvera immanquablement quelqu’un pour vous rappeler d’où vous venez : « Vous n’avez pas une tête de Belge, vous n’avez pas un nom de Belge… »
Traité sur un ton volontairement drôle, mais avec un humour qui, comme le nôtre, cache de profondes blessures, ce livre léger et en même temps grave, nous fait découvrir ces hommes et ces femmes qui ne sont ni d’ici ni d’ailleurs. Ils n’ont pas leur place, (...) et même lorsqu’ils travaillent bien – pour ne pas se faire remarquer d’ailleurs – ils sont sujets à critique. Cette souffrance, on la ressent chez les deux héroïnes du récit. L’une, née en Belgique, baisse la tête et accepte. L’autre se révolte contre la méfiance de ses voisins, contre l’injustice, l’indifférence et la tyrannie de son entourage. Mimi envie Aicha qui est aimée de sa famille (même si elle a peur de son père : la scène où elle sort du cinéma avec son mari et où une peur panique la prend car il est tard et elle craint la réaction paternelle est significative). Au contraire, chez Mimi, c’est une passion amour-haine que l’ont voit se dessiner, un amour-haine qui se métamorphosera en sagesse à la fin lorsque pour la toute première fois, la mère a des mots de tendresse envers sa fille et l’accepte telle qu’elle est. (…)
Une dernière chose qui m’a touché : Mimi, la narratrice a le même diminutif et le même âge que ma seconde fille… Je vous en recommande la lecture, vous aimerez. (10-05-2008)
Dans ce roman attachant comme tout, Mina libère beaucoup de ‘non-dits’ sur un ton d’autodérision n’interdisant ni les mots de colère, ni la tendresse. A travers la vie des deux héroïnes Aïcha et Mimi, l’auteur a choisi la voie de la fiction réaliste pour raconter la problématique de l’immigration, la vie des familles, le tiraillement entre les cultures marocaine et européenne, l’émancipation des filles, la résilience.
Loin de tout traité ou livre de revendications sociales, “Ti t’appelles Aïcha, pas Jouzifine” est un beau récit plein de vie que n’a pas hésité à préfacer l’artiste Sam Touzani.Mina Oualdlhadj n’est pas écrivain, elle vit à Bruxelles, est maman de trois enfants et met ses compétences de gestionnaires des ressources humaines au service de crèches communales. Les éditions Clepsydre permettent à chacun d’éditer à compte d’auteur leurs mémoires ou même un roman. Lorsque Mina Oualdlhadj est venue leur parler d’un projet d’écriture qui lui tenait à cœur, les éditeurs y ont tellement cru que “Ti t’appelles Aïcha, pas Jouzifine” a été édité par leurs soins ! (08-05-2008)
Ma vie, un rude combat (Paul Louis Kabasubabo) ou l’expérience de gestion de l’administration, de l’Onatra et de la Sncc
Né en 1927 à Lusambo, au Kasaï oriental, de père haut fonctionnaire belge et de mère congolaise - fille d’un chef de tribu Nsapu Nsapu répondant au nom de Jeanne Kalombo Koni - Paul Louis Kabasubabo parle de sa naissance, de leur abandon (lui, son frère aîné et sa mère) par leur géniteur fonctionnaire colonial, de sa scolarisation à la Colonie scolaire de Boma - un internat tenu par les Frères des écoles chrétiennes où régnait une discipline de fer; de sa vie professionnelle entamée en 1945. « 16 ans au service de l’administration coloniale belge et 12 ans au service du Congo indépendant, ponctués par un perpétuel combat de tous les jours », souligne-t-il. Il déplore l’ingratitude de l’Etat employeur. «Malgré d’éminents services rendus, ni la Belgique pour la période d’avant l’indépendance, ni le Congo d’après l’indépendance, ne se soucièrent de l’ancien serviteur que je fus. Pour l’une, je n’avais pas la nationalité belge pour pouvoir bénéficier d’une pension belge, et pour l’autre, je n’étais qu’une quantité négligeable malgré que j’avais atteint le plus haut sommet administratif, à qui on remet la contre-valeur de 11 dollars US par mois comme pension pour mes bons et loyaux services », a-t-il déclaré très peiné.
A travers ce livre, les agents et fonctionnaires de l’Etat vont découvrir les circonstances dans lesquelles l’administration alors dirigée par des Belges est passée dans les mains des Congolais, sans aucune remise-reprise et sans organisation d’un échelonnement de la reprise, fait-il remarquer. Tel était aussi le cas des anciens agents congolais de l’Otraco qui avaient tous repris sans aucune préparation et remise-reprise.
Une indépendance «brute»
Parlant de l’actuelle Sncc qu’il a dirigée de janvier 1971 à 1972, l’auteur rappelle qu’il avait mission de transformer la société BCK en KDL en reprenant son actif et son passif et donner au personnel local la place qui lui revenait. Il trouvera au sein de cette entreprise à sa nomination que la ségrégation continuait à régner comme si le pays n’avait pas obtenu son indépendance. «Tous les postes, même ceux de simple capita de jardiniers ou de femmes d’ouvrage, étaient occupés par des expatriés. Les cadres congolais engagés par le siège social de KDL installé à Kinshasa, étaient parqués dans un centre de formation depuis deux ou trois ans, sous prétexte de leur inculquer les origines et le fonctionnement de la société. J’ai entrepris un vrai combat pour mener des négociations entre la BCK belge et la KDL et rétablir la dignité du travailleur congolais. Cela n’a pas été facile». (…)
Il finit l’ouvrage en faisant une étude comparative entre les deux époques de la colonisation et de l’indépendance. Durant la première, écrit-il, le Congolais ne pouvait circuler dans sa propre cité de 23h à Sh du matin, alors que le blanc n’était astreint à aucune restriction; le Congolais ne pouvait se déplacer d’une localité à une autre sans l’obtention d’une autorisation consignée dans son livret d’identité, ce qui n’était pas le cas pour le blanc; les salaires et tant d’autres avantages étaient d’une inégalité flagrante. L’auteur reconnaît que le Congolais avait tout de même hérité d’autres avantages, comme l’ordre, la discipline, la ponctualité, la salubrité, la justice égale pour tous. Durant l’après-indépendance, certains dirigeants congolais ont tout simplement repris à leur compte et même gonflé les avantages tant décriés aux expatriés. Et le pauvre fonctionnaire, délaissé à lui-même, ne sait où donner la tête; et la population, déjà mise sous régime forcé pour sa survie, se voit régulièrement spolié de ses biens, sans aucun espoir de dédommagement. (…)
Comme un film, le livre relate les faits vécus appuyés par certaines photos. (22-04-2008)
Comment trouver son propre chemin dans une société européenne elle-même sévèrement ébranlée par la post-modernité quand on est une jeune femme dont les parents sont venus directement du Moyen-Atlas ou du Rif il y a 40 ans ?
Deux livres largement autobiographiques viennent de sortir simultanément chez des éditeurs différents et traitent pourtant du même sujet : les péripéties auxquelles doit faire face la jeune femme d’origine marocaine en Belgique aujourd’hui. Deux livres différents par le ton et l’écriture mais qui se rejoignent singulièrement sur le fond.
Le premier « Insoumise et dévoilée » est amer, sombre et parfois dramatique. Il suscite d’ailleurs en ce moment des réactions négatives chez certains et a même provoqué un procès dans une petite ville de Wallonie.
Le second, "Ti t'appelles Aïcha, pas Jouzifine !", a un ton plus léger, l’humour n’en est pas absent et les situations qu’il dépeint sont moins conflictuelles. Mais au delà des différences, la question traitée est bien la même : l’immigration et son cortège de télescopages culturels. Et surtout le fait que tout cela est beaucoup plus compliqué pour les jeunes filles que pour les garçons. Mais comment trouver et garder l'équilibre malgré l'accumulation d'identités différentes ?
Les intervenants:Mina Oualdlhadj, auteure de "Ti t'appelles Aïcha, pas Jouzifine !" (éd. Clepsydre),Karima, auteure de "Insoumise et dévoilée »(éd. Azimut),Fabienne Brion, islamologue, professeur à l’UCL, membre associé du Centre interdisciplinaire d’études de l’islam dans le monde contemporain (CISMOC),Paul Dahan (d'origine judeo-berbère), psychanalyste, conservateur du Musée juif marocain de Belgique (Bruxelles)(13-04-2008)
Ces manifestations culturelles et artistiques (...) sont initiées par la section belge de l'Association arabe féminine, "Arab Women'solidarity", créée en 1982, en Egypte, par l'écrivaine Nawal Saadaoui pour la promotion des droits des femmes.
Axées sur la thématique central "Espace Femme", ces manifestations qui s'inscrivent dans le cadre de la semaine culturelle maghrébine de la ville belge de Namur, ont pour objectif de mettre en exergue le talent des femmes originaires de plusieurs pays arabes qui sont nées ou ont grandi en Belgique (...).Une rencontre littéraire avec la romancière d'origine marocaine Mina Oualdlhadj sera organisée autour de son nouvel ouvrage "Ti t'appelles Aïcha, pas Jouzifine" (...) dans le cadre d'un débat animé par la psychologue d'origine algérienne Halima Mimouni.(02-04-2008)
Bravo ! Moi je n'y croyais pas plus que ça. Encore un pamphlet sur l'immigration, les discriminations et tout le tintouin ? Non, juste un voyage et une invitation à découvrir l'autre. Avec de l'émotion et de l'humour en plus. (15-03-2008)
Mina Oualdlhadj était invitée ce samedi à la Foire du livre pour débattre sur la condition des femmes. L'écrivain y a présenté son premier roman "Ti t'appelles Aïcha, pas Jouzifine !" Un récit drôle et émouvant sur l'identité culturelle.
"Foutez-moi la paix, tous les deux ! Oubliez-moi ! Enterrez-moi !". Le livre de Mina Oualdlhadj s'ouvre sur une grosse colère... Celle de Tamimount (en berbère, "celle qui a de la chance") envers ses parents, immigrés marocains de la "1ère génération", en total décalage avec leur fille née à Bruxelles. Le genre d'excès physiques et verbaux qui restent longtemps gravés dans les mémoires, mais dont on regrette très souvent l'ampleur. "C'est pourtant une colère qui au fur et à mesure du livre va s'atténuer", explique l'auteure dont l'ouvrage cadre au mieux avec le thème de cette 38e foire du livre, "les mots en... colère".Au milieu des stars littéraires telles Amélie Nothomb ou Eric-Emmanuel Schmitt, Mina Oualdlhadj, petit bout de femme énergique, semble un peu perdue dans les dédales de cette Mecque du bouquin. C'est que cette responsable de crèches à Schaerbeek ne s'attendait pas à un tel succès pour son 1er roman intitulé "Ti t'appelles Aïcha, pas Jouzifine !". "Ecrire, c'est une passion depuis toujours", évoque la jeune quarantenaire, licenciée en langue et littératures française. "C'est même un exutoire. Il y a deux ans, je me suis lancée dans cette histoire". Devant les premiers échos positifs de son entourage, elle décide de tenter sa chance. "Via Internet, je suis tombé sur les éditions Clepsydre qui se sont montrées enthousiastes". Le rêve peut commencer.
En collaboration avec l'humoriste Sam Touzani et après de "vives discussions", elle peaufine son récit. Choc entre deux mondes, séparés par une mer et un gouffre culturel, l'histoire évoque deux destins parallèles qui finissent par se croiser. Aïcha est née au Maroc et a débarqué à Bruxelles à 11 ans, tandis que Tamimount (Mimi, pour les intimes) est née dans le "gris belge", de parents marocains. Mais c'est la première qui s'en sort le mieux. Mariée, deux enfants, Aïcha a appris à survivre au déchirement de son enfance et de son pays d'origine. Mimi est plus mal dans sa peau. Tiraillée entre deux cultures, elle a du mal à trouver sa place et son identité. C'est une "Zoufri", selon ses parents qui craignent le pire : qu'elle termine jeune fille ! Racisme, révolte, incompréhension et réconciliation sont évoqués avec humour dans ce livre qui "colle" parfaitement avec le parcours de Mina. "Mais ce n'est pas une autobiographie , se défend-elle. "Je me suis plutôt inspirée de plusieurs personnages rencontrés et dont inconsciemment j'ai enregistré les paroles . Dans ce tiraillement identitaire, le chemin de chacun est plus ou moins long vers la réconciliation ..." Mina Oualdlhadj semble elle l'avoir rencontrée. La magie de l'écriture n'y est sans doute pas étrangère... (10-03-2008)« On revient revigoré de ce voyage, de ce regard croisé entre Orient et Occident, entre licite et illicite, entre colère et pardon, ‘entre eux et nous’ » , commente le comédien Sam Touzani. Le livre regorge d’émotion, de doutes et d’espérances, d’autodérision aussi.
L’une est née au Maroc, l’autre pas. L’une a des parents assez tolérants, l’autre pas. Pourtant, Aïcha et Mimi pourraient être sœurs. Issues de familles marocaines, elles ont grandi à Bruxelles et connu les tiraillements entre deux cultures. Elles sont toutes deux passées de la fête de l’Aïd à la Saint-Nicolas et de l’intransigeance paternelle à la lutte pour l’émancipation des filles. Apprentissages douloureux ou déconvenues burlesques, l’auteure nous emmène dans le dédale de ses souvenirs et de ses conversations drolatiques, et nous permet de mieux comprendre les aspirations – inconciliables ? – que vivent les jeunes de la « deuxième génération ». Une ‘arme de combat’ ? Une étude ethno-socio-psychologique sur l'immigration ? Non : un récit qui suscite des émotions et un questionnement sur soi, quelles que soient les origines du lecteur.La "Journée de la femme" (...) et le thème de la 38ème édition de la Foire du Livre de Bruxelles (...) ne pouvaient réserver meilleur contexte à la présentation du livre de Mina Oualdlhadj. Le propos de l’auteur s’inscrit parfaitement dans le fil rouge de la Foire du Livre – les « Mots en Colère » soucieux de liberté d’expression et d’égalité dans un monde pluriel – même si ‘Ti t’appelles Aïcha, pas Jouzifine’ ne se veut en aucun cas une revendication sur terrain d’immigration.
Un débat public sera organisé (...) dans l’espace ‘Forum Le Soir’, le samedi 8 mars (...) avec comme intervenants, outre Mina Oualdlhadj, auteure du livre, trois personnalités issues de nos universités (ULB, ULg, UCL), deux du monde associatif (...) et deux artistes: Pascale Vielle, Anne Morelli, Hassan Bousetta, Véronique Lefrancq, Myriem Amrani, Hassiba Halabi, Quentin Dujardin.(06-03-2008)Le livre de sa vie.
On a tous des histoires à raconter, à partager. Des histoires intimes pour les uns, de grandes sagas familiales qui traversent les époques et les frontières, ou des fragments d'histoire vécus de l'intérieur pour les autres. (...) Le livre et l'écrit leur offrent un écrin sans pareil avant que les mémoires ne s'effilochent. Depuis une dizaine d'années, les Editions Clepsydre font naître leurs livres sur le lit des récits personnels. Réalisés à partir d'interviews, les livres prennent la forme, la longueur et le ton que souhaite le narrateur. (...) Le même éditeur propose aussi de toiletter ou de réécrire des manuscrits non aboutis. Et enfin avoir son nom sur la couverture.(02-12-2006)
Destinée à laisser une trace de notre passage ici bas, la biographie privée se scénarise.(...) [elle] révèle "un besoin de repères face à une atomisation croissante du lien familial" (...) (01-06-2006)
A propos de Les coulisses de ma mémoire (Marie-Jeanne Nyl)
Livres et impressions - Marie-Jeanne Nyl se souvient
Quelle nature que cette Marie-Jeanne. Généreuse en diable, batailleuse quand il le faut, flanquée en permanence de cet amour du théâtre (...). Que d'ombres chères elle prend plaisir à raviver (...), nous revivons les belles heures - entre autres - de l'Alhambra.[Elle] défend becs et ongles le Théâtre de la Gaîté, curiosité absolue du monde du spectacle. (Avril 2006)Une manière originale de conserver le passé.(...) Il n'est pas toujours aisé de prendre la plume. L'angoisse de la feuille blanche, le manque de temps, d'envie ou de compétence poussent certains aînés à faire appel à des écrivains privés (...) Les témoignages des grands-parents pour leur descendance, une autre forme de précieux héritage... (08-07-2005)
A propos de De Bagdad à Douala (Francis Dauvin)
Quatre ans et demi après son arrestation et son incarcération à la prison de Kondengui, Pierre Désiré Engo, l'ancien directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) n'a jamais quitté l'actualité. Notamment dans les prétoires où, malgré sa condamnation à 10 ans de prison ferme, des affaires continuent d'être enrôlées à son sujet. A Yaoundé, le tribunal de grande instance s'intéresse particulièrement à une affaire de passation de marché pour la construction et les finitions de l'immeuble Cnps de Douala où est concerné, entre autres (...) Francis Dauvin, homme d'affaires de nationalité belge qui passa plus de dix ans au Cameroun, avant de repartir dans sa terre natale fin 1999 (...).
Francis Dauvin ne savait sans doute pas que l'affaire rebondirait ces derniers jours, et pourtant, il vient de publier (la sortie officielle a eu lieu il y a seulement deux jours) un ouvrage dans lequel il apporte pour ainsi dire, " sa part de vérité. " Sur un homme avec qui, dit-il, il n'avait pas de rapports particuliers mais à qui il a fait, en son temps, d'honnêtes propositions d'affaires, notamment lorsqu'il a fallu achever le fameux immeuble Cnps de Douala dont il dit par ailleurs avoir exécuté la commande avec beaucoup de sérieux, au point de n'avoir rien à se reprocher, et de ne toujours pas savoir, aujourd'hui encore, ce qu'on lui reprochait.
(...) L'ouvrage de Francis Dauvin, s'il coïncide avec une actualité encore brûlante et toujours aussi douloureuse, n'est pas uniquement un plaidoyer pro domo de quelqu'un qui veut se laver de tout soupçon. Comme son titre l'indique assez, c'est une manière de récapitulatif de souvenirs de voyage d'un homme qui, finalement, aura passé plus de temps hors de son pays natal qu'à l'intérieur. C'est ce récit, qui l'a amené d'abord à Bagdad, lui a permis par la suite de découvrir de nombreux autres pays jusqu'à son départ définitif de Douala (qu'il dit regretter). (...)
Francis Dauvin, manifestement, a (...) aimé le Cameroun. Où il a signé de belles oeuvres architecturales dont il est fier, comme la mosquée de Yaoundé ou l'immeuble Rose. Où il a adoré déguster des brochettes de rats. Où les réalités comme la fête du Ngondo, le rite des funérailles en pays bamiléké et la fantasia dans le nord du Cameroun l'ont totalement émerveillé. Il parle aussi, comme avec un souffle haletant, de ses amours pour le football et de son implication dans ce milieu au Cameroun, même s'il s'est trouvé par moment incompris. (...) De Bagdad à Douala est un récit captivant et palpitant, écrit la main sur le coeur par un passionné des voyages et des découvertes, qui a une bonne humeur communicative. Phrases courtes et imagées, le texte se lit d'un trait. (03-02-2005)
A propos du livre d'Eddy Meeùs: « Dans le parcours d'Eddy Meeùs, la succession du chaud et du froid aurait eu de quoi couper le souffle à d'autres ! (...)
(...) les émeutes et les doutes entrecoupés de faillites ou prises de responsabilités conduisent au rachat de 4400 hectares de plantations (...), et l'insécurité grandissante à la séparation familiale (femme et enfants rentrant en Belgique, dans le Brabant wallon). Fort d'une expérience peu commune, le professionnel rentre lui aussi au pays en 1970 (...). » (Novembre 2003)
A propos du livre d'Eddy Meeùs: « Hors des sentiers battus ? Sortir du cadre habituel, remettre en question tous les allants-de soi est une caractéristique commune aux différentes entreprises lancées par Eddy Meeùs. Cette attitude qui a de tout temps été une des conditions au dépassement et au progrès de l'être humain méritait d'être mise en exergue.
Ce trait de caractère donne lieu , vous le découvrirez rapidement, à des anecdotes étonnantes, décapantes, souvent tordantes, en particulier dans les chapitres consacrés au Congo. Elles contribuent définitivement au charme de ce livre.(...)
Et pour ceux qui s'intéressent au monde des entreprises, ils pourront facilement en tirer eux-mêmes quelques leçons utiles... à condition de les mettre en pratique. Citons pêle-mêle et sans vouloir être exhaustif : avoir de l'audace, ne pas avoir peur d'aller à contre-courant, ne pas hésiter à s'engager sur les marchés les plus étranges, toujours vérifier par soi-même les affirmations des experts, refuser les décisions débiles (même si elles proviennent d'un conseil d'administration), ne jamais se décourager (les échecs sont le prix de la réussite), au diable les traditions, changer les règles du jeu, pratiquer l'humour, mélanger subtilement l'art de la délégation et celui du contrôle absolu, cultiver l'art de la négociation et pratiquer le troc, etc. » (Janvier 2003)
Le hasard lui apprend l'existence au Congo d'une usine d'extraction [de quinine] en faillite à l'époque, gérée par l'OPAK, un parastatal aux activités parfois curieuses. Avec un client potentiel (...) il rachète l'usine et s'installe à Bukavu.(...)
[Quelques années plus tard] il décide de devenir planteur et accumule tant de propriétés qu'il y gagne le surnom de « roi du quinquina ». (...) En 1970, il vend tout (...) et se retrouve à la tête de [plus de] 100 millions mais n'écoute pas son banquier qui lui suggère de tout placer en or.
Dans la salle d'attente d'un dentiste, un prospectus vante les mérites du téléski nautique. Eddy Meeùs en obtient aussitôt l'exclusivité. Reste à trouver un plan d'eau. Ce sera l'étang de Limal (...) au départ de la première syllabe des entités de Wavre, Limal et Bierges, [il] forge un nouveau nom : Walibi. » (Janvier 2003)
Tout au long des 350 pages, on suit la vie de ce pionnier. On découvre comment il deviendra au Kivu le roi du quinquina, avec 50% de la production mondiale, et règnera sur des milliers d'hectares de plantations, traversant ainsi les péripéties dramatiques qui jalonnent l'histoire du Congo depuis son indépendance. Puis, fortune faite, ce sera le retour en Belgique et le début de l'aventure Walibi, à laquelle personne ne croyait. (...) Le livre est en outre illustré par des documents qui devraient faire bondir de joie les amateurs de parcs d'attractions, notamment avec les premiers plans de Walibi ou encore le concept d'une attraction Tintin qui ne verra finalement jamais le jour. » (Novembre 2002)
Les mémoires véridiques de Monsieur Tout-le-Monde. (...) Les collaborateurs de Clepsydre prêtent leur oreille attentive et leur plume expérimentée (...).(08-04-1999)
" Tendances - Souvenirs de famille - Des professionnels au service de la mémoire des Anciens
Un grand-père qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle (...) [et] la disparition (...) d'une partie de la mémoire familiale. (...) Un nombre croissant de nos contemporains se soucient de laisser une trace de leur vie à leurs enfants et petits-enfants. Les professionnels des médias l'ont très bien compris et proposent leurs services. Sans voyeurisme morbide, puisque le produit n'est pas destiné à une audience anonyme avide d'émotions, mais bien au cercle intime des proches. (...) Les guides d'écriture abondent sur le marché mais laissent le narrateur seul face à sa page blanche. Voici donc venu le temps des nouveaux écrivains publics. (...) Le nombre d'exemplaires varie entre 50 et 600 exemplaires, ce qui traduit l'étendue du cercle intime et la volonté (ou non) d'inonder les proches de ses pensées. "
" Michel Legrand, psychologue spécialiste des 'récits de vie', analyse cette tendance comme suit : La famille traditionnelle (...) était très sécurisante (...). On se sentait rattaché aux générations précédentes, contemporaines et suivantes. Aujourd'hui, la famille occidentale est 'individualiste', centrée sur l'épanouissement de l'individu. Le risque de décomposition des liens est aussi plus présent. Livrer ses Mémoires permet donc à la fois de rétablir cette chaîne entre générations et de rester une référence pour les générations futures. Il ne s'agit plus du discours des vieux mais d'une personne âgée et de son expérience particulière.(...) L'utilisation d'un média remplace bien sûr la transmission orale d'autrefois. Mais cela révèle peut-être aussi que l'on ne sait plus affronter les autres... " (14 et 15-03-1998)
"Vie des affaires. Archives - Pour que les entreprises ne perdent pas leur mémoire. Racontez, on vous l'écrira.
Aux Etats-Unis, la vogue des public historians ne date pas d'hier. Chez nous, où elle n'a pas encore réellement pris racine, une jeune initiative d'édition, baptisée Clepsydre (...) propose le même service aux particuliers comme aux entreprises (...) Les ouvrages (...) peuvent, à coup sûr, apporter une contribution estimable à la culture de la maison et au sentiment d'appartenance. (...) Les éléments recueillis - lors des interviews - peuvent (...) avoir une valeur complémentaire à celle des archives ... en dehors de leur valeur sentimentale qui, elle, ne se mesure pas."(23-11-96)
"Vie de l'entreprise - A l'assaut de l'histoire. Les entreprises peuvent désormais commander leur propre biographie.
Si vous êtes persuadé que votre parcours ne dépareillerait pas la bibliothèque de vos collaborateurs ou de vos proches, n'hésitez pas: c'est l'Histoire qui vous tend les bras. "(15-11-96)